Deux semaines sur quatre

Publié le par M

Lot commun des parents divorcés, la progéniture part insouciante et émerveillée à l'idée des horizons marins qui paveront sa route. Elle vivra des moments dont on ne connaîtra que peu de choses à son retour. Tacitement exclu de la part de l'autre, le parent restant voit son histoire amputée. Les années passent, le sentiment demeure d'une autonomie acquise trop précocément. Ma fille peut passer deux seEstuaire-2009-290.jpgmaines sans sa mère. L'inverse est-il vrai ? Dans les faits, oui. Les échappatoires existent. Nous imaginons déjà des soirées sans horaire de fin, nos retrouvailles avec les amis que nous n'avons pas vus depuis longtemps et que nous avons hâte de retrouver sans le sablier qui s'incruste en nous à la naissance des enfants, la reprise de lectures et de réflexions laissées en suspens, des cours à préparer et des rendez-vous à honorer. Bien sûr, il y a tout cela et tant d'autres choses encore qui justifient ou excusent ma présence dans cette contemporanéité. Mais la transition est raide, il faut du temps pour s'accoutumer, de la mémoire pour se rappeler comment c'était "avant", de la force pour faire des mécaniques de soi l'alpha et l'oméga de sa vie pendant ce temps incompressible. Et je me demande finalement, qui a porté qui ? Le ventre porte-t-il plus que les rires d'un enfant ? Le sein nourrit-il plus que les drôleries de cet âge où tout est découverte, la vie une grande magicienne aux cheveux jaunes comme les soleils griffonnés sur une feuille à carreaux. Les rôles s'inversent et l'insouciance de l'enfance l'emporte sur la mélancolie d'une mère laissée dans la hâte de préparatifs en forme de rituels. Mystère de ces instants fragiles comme de la porcelaine...pour ne pas se briser, la mère entre en coquille pour renaître demain, un peu moins meurtrie mais tout aussi mère. Plus que jamais la peau est perméable à la séparation qui renvoie toujours aux petites morts de la vie. Oubliée en temps d'hibernation, l'angoisse refait brutalement surface.

 

L'été est aussi cela : la mesure prise d'une histoire terminée, d'un échec prononcé et d'une bouture qui tisse sa vie en ciseaux. Coupez !

Publié dans Société

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