Feux de nuit sans artifices

Publié le par Mama Mia

L'élément-terre réside dans le super-flux d'ondes bouillonnantes, luminescentes, revigorantes qui inondent les interstices des pré-cieux feux d'artifices qui griment l'enfance sans âge, rajeunissent des adolescents-peur sans reproche, tissent leurs romances d'amours effleurées, esquissées, déflorées, trouées par un poinçonneur à l'avidité mécanique, ravagent les derniers vestiges de certitudes raisonnées dans cet émerveillement incontrôlé et renouvelé chaque année comme le rite qui l'inspire, le régénère et dont je comprends la puissance initiatique au reflet de ses yeux chocolat dans une glace au goût d'innoncence. Grandir mais dans ce cocon dans lequel on se love quand celui-ci menace toujours de vaciller à jamais, comme une bougie affaiblie par le courant d'air d'un soir sans lumière. L'ensemble fait d'eux des albatros qui s'en-volent, dérobant les heures pour repousser la finitude avant de boîter à chaque amerrissage, plombés par des plumes trop légères pour lester leurs espérances immaculées, victimes du vertige des failles sous-marines qui aspirent la lumière dans ce qu'il reste de traces de vie. L'encre vert d'eau éclabousse le ciel d'un pastel noyé adoucissant les vies saccagées par des couleurs primaires dégradantes, sans nuances. Chaque projection est une étincelle qui prend son énergie dans la périphrase, "oh la belle bleue", reflet de ce puits sans fond qu'est l'âme qui se fraye un chemin dans l'écume du doute, dodelinant dans ces dunes de vicissitudes, militante sans voix tracée, juste assez lactée pour paver la voûte labyrinthique de marques encryptées. Joie d'être là, magie d'être simultanément ailleurs, mystère de la mémoire qui n'en finit pas de troubler la surface du présent comme une aiguille perçant à l'envers l'abîme d'un passé fantasmé. Qu'il était précieux ce temps où j'apercevais cette myriade de météorites colorées, que mon père interrogeait à la lumière de son rire transperçant les nuages, acmé d'un été que je retrouve chaque année... plus ou moins. Selon les mois écoulés qui m'ont plus ou moins naufragée. Retour à cet âge où tout était possible parce que le présent était borné par une somme d'interdits qui donnait pourtant un sens, stimuler l'imagination, inventer des demains où la vie serait poésie avec comme seul véhicule l'oralité, comme seul principe l'envie, comme seule finalité de ne poursuivre aucun but. Juste respirer l'air iodé, tamisé par les tamaris en guettant la prochaine offrande projetée dans un ciel faisant de la nuit une déesse.

Publié dans Courant poétique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article