Le goût du ciel...

Publié le par M

 

...est ce mélange de piment, de soleil, de rondeur, de générosité, de parler vrai que j'ai en bouche par la seule force de l'esprit, cet esprit qui n’a pas attendu la naissance de la « toile » pour abolir les frontières du temps et de l’espace. Qu’il se nomme mémoire ou projection, il est ce véhicule sans frontières et sans matière qui nous permet de percer le ciel pour en savourer la substance, il est ce livre dont chaque page s’écrit instantanément, à la seule force de millions de connexions neuronales, il est cette boîte à outil sans nulle autre qui dégage le chemin des ronces quand elles l’encombrent trop. Rêver ce qui n'est pas pour contempler ce qui est, voila la posture qui sauve de toute tentative de fuite.  

 

Se sentir pleinement là et complètement ailleurs, sauter d’un rôle à l’autre en n’ayant plus à choisir, juste à vivre dans la douceur du miroir qui nous reflète comme cette photo de moi qui, mieux que tout autre, renvoie l'image qui permet de dire : "je me suis rencontrée". Magie de l'instant qui réunit les ingrédients d'un absolu temporaire, menacé par les nuages qui demeurent comme autant de pelures d'oignon incrustées dans la chair.

 

Visage ovale, corps tout en rondeurs, cheveux de jais, je me connais et me reconnais enfin dans cet étrange moi réfléchi par la présence de l'autre…comme dans ce rêve où je me vois passer le miroir invisible qui me sépare de ce qui n'est pas moi...par nature ? par habitude ? par peur ?

 

L'épreuve est la preuve de cette étrange mutation qui mène de la détestation à l'acceptation raisonnée obtenue à la faveur d’un désarmement massif. Les rondeurs adouciront les chocs, les fêlures en rappelleront l’épicentre, le visage donnera des yeux et une bouche à l’amour, le noir nous ramènera inévitablement au néant dans lequel on tombe si on ne se laisse un jour aller à ce que l'on est.

 

Je suis le nouveau-né nettoyé de son vernis protecteur, je suis la louve craignant pour son enfant, je suis l'amoureuse qui cherche à inventer un parfum pour incarner la complexité du bouquet, je suis le caméléon fantasmant l'amitié en meute, je suis la chienne de garde assumant le besoin de cadre pour inventer le paysage qui libère.

 

Dans une figure libre au cœur d’un temps contraint, ces mots jetés en solitaire sont pourtant peuplés d'âmes comme sur cette image où sont invités les êtres aimés.   

Publié dans Courant poétique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article